En quatre nouveautés, ce mois-ci, nous couvrons un large spectre des littératures de l’imaginaire et cela, avec quatre romans relativement courts, dont la force tient nettement dans leur propos plutôt que dans leur ampleur.
Allison plane en écoutant de la musique : littéralement ! Désireuse de comprendre, elle se lance à la recherche des fréquentations de son père, musicien mort quand elle était petite, puis part en Angleterre pour rencontrer un journaliste qui semble connaître le phénomène. Puisant dans son goût pour la musique pop des années 90, Laurent Queyssi propose une comédie douce-amère sur l’adolescence, les origines et le passage à l’âge adulte. Un voyage dans le temps tout intérieur, qui fait un bien fou et rend aussi léger que lorsque l’avenir est encore, à nos yeux illimité. (titre également dispo en numérique)
Dur silence de la neige de Christian Léourier est un autre roman court que le nouveau petit format nous permet de proposer enfin. Il n’est pas toujours aisé pour un auteur de se trouver « enfermé » sous une étiquette. Si Christian Léourier est bien connu en littérature jeunesse, dans le domaine pour adultes son nom est synonyme que de science-fiction et pourtant, ce grand auteur a ressenti le besoin de livrer un beau roman de littérature classique, âpre, sombre et prenant. Pour nous, son style se compare réellement au meilleur d’un Jean Giono ou à Un crime de Bernanos, c’est dire s’il s’inscrit bien dans une littérature d’une ruralité puissante — loin des sentiers de la SF mais d’une ambiance fantastique, quoique le surnaturel ne surgisse jamais. (titre également dispo en numérique)
Rite de passage d’Alexei Panshin est la redécouverte d’un roman culte de la SF, prix Nebula 1968. Fillette ordinaire, juste un peu petite pour son âge, Mia habite au Quatrième Niveau, Alfing Quad, avec son père Miles Havero, mathématicien et membre du Conseil du Vaisseau. Son autobiographie est rédigée de manière très convaincante, avec franchise (elle reconnaît dès la première ligne qu’elle a certainement un peu inventé les passages de l’histoire dont elle ne se souvenait pas bien), clarté, et une touche d’humour intelligent. Fine mouche, elle ne manque jamais de nous exposer les tenants et les aboutissants d’un fait — quand c’est à sa portée, du moins. Une autobiographie, mais dans un cadre de science-fiction — celui d’un immense vaisseau spatial, où vit toute une société en vase clos. Un roman majeur, en nouvelle traduction.
Ce qui réunit tous ces titres, c’est à la fois leur format : ils sont courts, alors qu’en littératures de l’imaginaire on favorise souvent les pavés ; et ils sont plutôt « écrits de l’intérieur » (comme disait Cortázar) que « vus de l’extérieur » comme on le pratique le plus souvent en littératures de genres. Notre quatrième roman du mois, lui, est d’une narration plus classique en imaginaire et rejoint des passions souvent abordées dans notre catalogue : l’ère victorienne, Dracula, Jack l’Éventreur, Londres… Dans un thriller aussi puissant qu’original, Je suis le sang, Ludovic Lamarque & Pierre Portrait font se croiser deux mythes criminels, deux intrigues : celle, réelle restée jusqu’à ce jour mystérieuse, et l’autre, romanesque, dont ils révèlent les ressorts cachés… (titre également dispo en numérique)