Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Au tour de Nelly chadour.
En cette période où on ne peut plus serrer ses ami.es contre son cœur, cela me fait du bien de retrouver des vieilles copines de papier qui me suivent à travers mes trop nombreux déménagements. J’ai tout de suite accroché avec Maggie et Hopey, ces deux nénettes punk et sentimentales, tour à tour timides et agressives et qui aiment écluser des bières pendant des soirées fauchées.
Locas, c’est la balade désabusée de deux copines-amantes chicanas, Maggie et Hopey. Dans un style délicieusement suranné propre au comics des années 60, Hernandez nous emmène à la suite de ses deux anti-héroïnes loseuses un peu au ban d’une communauté déjà stigmatisée, puisque lesbiennes et fans de punk rock. C’est un joyeux foutoir, des tranches de vie qui semblent naître au fil du pinceau, des errances burlesques ou tragiques, des catcheuses et des super héroïnes, des pin-up violentes, des concerts foireux et des personnages qui grandissent, vieillissent, ne suivent pas forcément la voie attendue.
Locas, c’est un rappel à la vida loca et rock’n’roll, une cartographie des rapports humains dans ce que cela comporte de trahisons, d’espoir déçus, de retrouvailles et de pardon. Le lecteur devient souvent l’unique confident des personnages et de leurs atermoiements, le témoin privilégié de leurs moments de faiblesse. C’est fou comment une ligne claire et des aplats sombres peuvent en quelques instants donner l’illusion d’un long voyage au bout de la vie.