Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Au tour de François Larzem.
Ah, La Comté ! Quel délice lorsque j’y ai fait mes premiers pas. Ses jardins, ses prairies, ses portes rondes, tout un univers si étrange et pourtant si familier, douillet, presque intime. Ce Bilbo Baggins m’a immédiatement séduit, tiraillé entre son côté Took aventureux et ses racines Baggins tranquilles. Alors, quand Gandalf est arrivé avec sa longue pipe et ses sourcils broussailleux, j’ai aussitôt vu ses feux d’artifice enflammer l’aventure ! Les nains, eux, m’ont d’abord paru bien envahissants et sans gène. En réalité, dès les premières pages du livre, j’étais un hobbit et je vivais dans un trou. Pas un trou sale et humide non plus qu’un trou sec et sablonneux, mais un trou de hobbit chaleureux et confortable.
À l’époque, on se transmettait ce roman de J.R.R. Tolkien en toute discrétion, de la main à la main, comme un objet précieux, presque illicite, à ne partager qu’entre initiés. Depuis, qui n’a pas lu Bilbo le Hobbit ? Et pourtant, même s’il est désormais dans toutes les bibliothèques, même si la trilogie de Peter Jackson l’a fait connaître plus encore, je vous le dis en toute confidentialité : relisez le Hobbit, vous reviendrez de ce voyage forts d’une énergie nouvelle. Cette histoire d’un aller retour en Terre du Milieu est une bouffée d’oxygène, quoi de plus essentiel en ces temps oppressants.