Valeur refuge et source d’espoir que les livres, d’autant que nous entamons en ce mois de mars notre programme de fictions lumineuses et optimistes : avant cette crise inouïe, nous pensions déjà faire évoluer nos publications, en rêvant d’un monde meilleur et en participant à sa construction… Nos livres allaient déjà dans le sens d’un nouveau monde, mais les épreuves traversées nous confortent dans nos choix de changements et plus que jamais nous souhaitons que s’écrive un imaginaire fructueux et progressiste. Cette année est donc pour nous celle des « écotopies » et des fictions solaires, se projetant dans des sociétés alternatives, pacifistes et écologistes !
La Ville peu de temps après, de Pat Murphy (trad. Patrick Marcel) est de celles-ci : San Francisco, après l’apocalypse. Dans la grande cité californienne, des artistes se sont forgés leur propre société, qui tend vers l’utopie — mais de l’autre côté de la Baie, des militaires s’agitent, décidés à mater ces doux rêveurs. Il va falloir lutter avec ses rêves — et peut-être avec l’aide de la ville elle-même. Un grand roman, à ne pas rater.
La Fête du changement est un nouveau volume de notre « Bibliothèque dessinée », collection de courts romans graphiques, et celui-ci également du genre utopiste. Ce texte du regretté Michel Jeury, le grand monsieur de la SF française, a été enluminé et illuminé de rose par le graphiste bordelais Greg Vezon, et c’est un vrai bonheur ! L’utopie ? Il faut d’abord changer l’homme et faire, comme en Variana, de ce changement une fête.
« Bibliothèque dessinée » toujours, avec la sortie un peu en retard du Service des dames, cette splendide nouvelle de Jean-Philippe Jaworski, graphiquement réinventée par Sébastien Hayez en fusain et ocre. Dans l’univers du Vieux Royaume, une belle fable chevaleresque.
Et « Bibliothèque dessinée » encore, avec une Eurydice déchaînée par Melchior Ascaride en solo, texte et dessins. Il prolonge en bleu le mythe d’Eurydice, en mettant en scène la lutte de cette dernière pour s’évader des Enfers. Profondément informé des mythes grecs et avec un souffle survolté, ce récit est aussi un pamphlet féministe puissant.