Revue de presse, « Kallocaïne ».

Kalloca

« Si Kallocaïne ne suscite que peu de réactions chez les néophytes, les érudits auront immédiatement reconnu l’une des quatre plus importantes contre-utopies du XXe siècle. […] Pourtant, le roman de Karin Boye fait un peu figure d’oublié dans nos contrées. Espérons que la nouvelle traduction de Leo Dhayer, plus conforme à l’original, lui redonne sa juste place aux côtés de ses pairs. […] Plus de soixante-dix ans plus tard, Kallocaïne garde intacte sa puissance d’évocation et son potentiel anxiogène. Plus que jamais d’actualité, a fortiori à l’époque où l’arme psychologique a rejoint l’arsenal militaire, le roman de Karin Boye apparaît comme le chaînon manquant entre Nous Autres de Zamiatine et 1984 de George Orwell. » (Yossarian, Sous les galets, la page…)

« Le personnage central, Leo Kall, est convaincu du bienfondé de cet état omniprésent et n’aura de cesse de mettre en avant ses compétences de chimiste pour permettre d’anticiper encore plus les risques d’atteinte à l’intégrité de l’état. Dans ce monde où la guerre avec le voisin semble déclarée même si personne ne connaît ce voisin, la  découverte de la molécule de Kallocaine va entraîner le chercheur sur une pente glissante, le faisant réfléchir à sa position et à sa relation avec les autres, fondée en permanence sur la peur d’être dénoncé. C’est aussi une façon de montrer une société totalitaire, soumettant sa population par la peur, la peur qui permet de faire faire les pires choses aux populations. » (Allan, Fantastinet.com)

« Là où l’écrivaine prouve qu’elle a tout compris au système totalitaire, c’est lorsqu’elle pousse le jeu tellement loin qu’elle révèle que la paranoïa de ce régime causera sa perte. Même sans ennemi, même sans menace concrète, l’avènement de la Kallocaïne et l’inclinaison à passer tout le monde à la question prouve que le monstre finira par se bouffer lui-même. Que la chose est insupportable en fin de compte. Et puis, à côté, il y a Rissen. Il reste des hommes qui gardent toujours une flamme au fond d’eux, qui s’attise avec le temps, avec les horreurs et qui finiront par résister. En soi, le simple fait d’exister en tant qu’être humain sensible devient un acte de résistance. Le roman donne pourtant des frissons. Il prévoit déjà l’avènement des caméras de sécurité et des microphones, les glisse partout, jusque dans la chambre conjugale, il dénature l’amour et l’acte de concevoir des enfants, il montre comment contrôler jusqu’aux faits les plus intimes qui soient. Kallocaïne est un roman violent, au final, une histoire d’une extrême violence, moralement et psychologiquement. L’utilitarisme de cette société où tout doit être fait pour le bien-commun devient une absolue horreur. L’être n’existe plus, il doit s’effacer, disparaître derrière des considérations plus grandes. Comme englouti par une bête immonde. Cette œuvre visionnaire bouleverse. Elle prend aux tripes quand on s’y attend le moins tout en montrant par le menu la privation d’humanité qu’induit le régime totalitaire quel qu’il soit. En choisissant de miser sur l’intime et la psychologie plutôt qu’une critique sociétale froide et rigide, Karin Boye dépasse toutes les espérances. Kallocaïne terrifie. Mais de façon tout à fait essentielle. » (Nicolas Winter, Just a word)

« Voilà l’illustration romanesque qui manquait au Léviathan de Hobbes. Nous ne savons pas où ni quand cela se passe, mais qu’importe car cela est universel. […] Les premières pages m’ont scotchée par leur intensité signifiante et la suite ne m’a pas déçue : chaque personnage, chaque signe est à sa place et la simplicité apparente de ce roman en fait aussi la force. Génial : l’auteur est une digne héritière d’Huxley, Zamiatine, Orwell, avec un coup de plume parfait tant il est au service de l’histoire : fond et forme indissociables. De la littérature, quoi. » (Mathilde Le Guay, librairie Decitre Lyon Part-Dieu)

« Il faut découvrir ce chef-d’œuvre méconnu de la littérature mondiale. Jusque-là, sur SyFantasy, aucun livre ne m’avait semblé aussi nécessaire à faire connaître, à partager. Kallocaïne mérite de sortir de l’ombre, car même s’il a été publié en 1940, il continue d’éclairer notre époque avec sa lumière crue. Kallocaïne est comme 1984 ou Le Meilleur des Mondes, une dystopie qu’il est nécessaire de lire et de relire pour réfléchir sur l’état de notre société et ses dérives. Un indispensable. » (David, Syfantasy.fr)

« Je serais tenté d’écrire que, si le but de George Orwell, dans 1984, était de dénoncer les procédés du totalitarisme qui font perdre à l’homme son humanité, celui de Karin Boye, dans Kallocaïne, était de démonter le totalitarisme pour prouver l’humanité de l’homme : le diptyque n’est-il pas parfait ? » (Joseph Altairac, Actusf.com)