Mais que fait donc un éditeur, en cette période des fêtes ? Eh bien, croyez-moi, nous ne manquons guère d’occupations. Il y a 15 jours, en revenant de l’excellent salon de Sèvres, toujours aussi formidablement chaleureux et dense, notre équipe s’est réunie près de Metz pour ce qui devait être une semaine de « séminaire ».
Nous avons travaillé d’arrache-pied, d’autant que la grève nous obligea à abréger de moitié cette période de travail à trois — et si les sudistes Melchior et André-François rentrèrent chez eux en toussant, peu habitués qu’ils sont à la brutalité d’un froid comme il en règne dans l’Est, le boulot fut fructueux : dernier peaufinage du programme 2020 (avec surtout le remplacement d’un titre non encore fini par une réédition en Hélios du Espion de l’étrange de Serge Lehman, que nous avions prévu pour plus tard), début de mise en place du programme 2021 (ça avance vite), discussions sur les nouvelles collections et les grands projets, création d’un document interne en ligne regroupant nos différentes échéances, la liste de mises en page à faire, celle des couvertures et habillages graphiques, celle de la gestion des exemplaires à expédier aux différents stocks, bref tous les ordres de marche… Ah, et André a lu à haute voix pour ses petits camarades le début d’un nouveau projet de fantasy proposé par Nicolas Texier — une merveille !
Depuis, Mérédith a accepté un roman français qui devrait être un véritable choc (à sortir début 21), il a bouclé sa relecture de l’énorme tome final du Demi-Loup de Chloé Chevalier, qui part également morceau par morceau chez le correcteur, puis il s’est mis à la lecture du prochain Nicolas Texier, Opération Lorelei. Un Texier qui va avoir une grosse actualité : Folio-SF a décidé de lancer l’auteur en fanfare, avec un gros effort de mise en avant, et Audible vient juste d’acheter sa trilogie pour l’adapter en livres audio, comme ils l’ont déjà fait des Jaworski et Platteau.
Pour sa part, André a bouclé les corrections du Chant des Cavalières, le très beau premier roman de Jeanne Corrèze que l’on sort en février, et dont le relecteur, Samuel, nous a confié qu’il l’a adoré, nous remerciant de lui avoir « fait relire ce roman, splendide réécriture féminine et lesbienne du mythe arthurien, plein d’originalité. » Maintenant, André relit le prochain Alex Nikolavitch, Les Canaux du Mitan, une fantasy également très originale, située dans un monde sillonné de canaux, dans une ambiance proche de la Grande Dépression et des œuvres de John Steinbeck — c’est magique, littéralement, quand des auteurs renouvellent à ce point l’imagerie de la fantasy. Enfin, le contrat est signé pour un roman américain, nous en publions peu et c’est toujours un événement pour nous : The City Not Long After de Pat Murphy, superbe et étonnante fantasy urbaine transmuée en utopie, et ce sera Patrick Marcel qui le traduira.
Melchior trime sur les prochaines couvertures, bien sûr, mais bosse aussi sur le calage avec le chef de fab des créa ultra noires pour les deux pavés de Michel Pagel (La Comédie inhumaine). Polyvalent, il est allé présenter nos sorties de mars-avril pour la réunion des représentants de notre diffuseur (étant parisien, il était le seul à pouvoir braver l’absence de transports), a préparé des bons de commande et des « argumentaires », et il va « pimper » (c’est son expression !) les bandeaux de certaines sorties à venir.
Le métier d’éditeur, c’est aussi les chiffres : notre dernière souscription Ulule s’est achevée en beauté et nous sommes infiniment reconnaissants de ce soutien de nos lecteurs. Après toutes les difficultés liées à notre ancien diffuseur, nous respirons enfin et l’examen des chiffres de MDS, notre nouveau diffuseur, jour après jour, est un véritable bonheur, presque un étonnement.
Enfin, bonheur toujours, avec la livraison par l’imprimeur des premiers exemplaires de nos sorties de janvier : on pourrait croire qu’après 15 années, nous serions un peu blasés, n’est-ce pas ? Eh bien non,vraiment pas : recevoir l’ultime volume de la saga de Jean-Philippe Jaworski, je peux vous dire que ça remue, ça fait « quelque chose ». Et chaleur de l’émotion aussi devant les deux petits volumes de la « Bibliothèque dessinée » : le Désolation de Jaworski enluminé par Ascaride, d’un bel orange pétant, et le Frantz de Dominique Douay, traversé par le noir profond et le vert glacial de Sébastien Hayez ; ce sont deux « romans graphiques » que je trouve d’une beauté remarquable, l’un en fantasy, l’autre en pure SF, une sacrée fierté.
Bonnes fêtes !