En cette fin de printemps, un prix vient d’être remis qui nous fait particulièrement chaud au cœur : notre graphiste principal, Melchior Ascaride, a obtenu le prix Imaginales 2016 « pour l’identité graphique des Moutons électriques » (bravo !). Après toutes ces années à défendre des couvertures qui sortent de la tradition d’illustration pour aller vers le graphisme, ce prix vient comme une validation de cette approche esthétique qui nous est chère. Et tenez, nos quatre dernières nouveautés portent toutes des couvertures du sieur Ascaride.
Bordée de tentacules, celle du Eschatôn d’Alex Nikolavitch met bien en valeur le fait que le premier roman de ce scénariste et traducteur de BD relève à la fois du space opera et du « lovecraftien ». Aventures et métaphysique s’y mêlent comme il se doit, avec une très belle réflexion sur le fanatisme religieux et la manière dont il modèle gens et sociétés. Cathédrales volantes, moines soldats, fantastique et monstres d’outre-espace : le souffle de la grande aventure !
D’une dominante sépia et hantée de dirigeables, la couverture des Cœurs enchaînés de Nicolas Le Breton dit bien l’appartenance de ce roman au sous-genre du steampunk. Cette suite et fin du diptyque « Pax Germanica », commencé avec Les Âmes Envolées/ (paru en 2014), suit l’épopée d’un dirigeable où l’équipage mêle figures historiques et personnages de fiction. Entre roman de piraterie et uchronie, ce cycle se situe dans un monde où l’automobile n’a jamais été inventée et où les Zeppelins de l’Alliance Objective règnent et terrorisent : frénétique et époustouflant !
Du bleu translucide de la glace, la couverture de L’Épée de l’hiver de Marta Randall est celle d’un roman culte, un « classique mineur » de la fantasy américaine. Empli de faux semblants et tout en demi teintes, il s’agit d’un très beau huis clos dans une forteresse encerclée par l’hiver. Un roman un peu oublié que nous avions à cœur de faire redécouvrir dans un contexte où la « fantasy dynastique » à la Game of Thrones connaît un immense succès, et ce dans une traduction révisée.
Et puis un ours sur grand fond de neige couvre Shakti, la suite de la série des « Sentiers des Astres » de Stefan Platteau, ô combien attendue et qui fait déjà un démarrage magistral. L’on s’y s’attache à la fois au destin des membres de la gabarre, qui poursuivent leur progression, et au récit d’une vie : dans le premier tome, il s’agissait de l’existence du demi-dieu Manesh ; cette fois, l’auteur commence à nous raconter la vie de la courtisane Shakti. Rarement une plume de fantasy aura été aussi lyrique, profonde et forte.