Une boucle enfin bouclée, par André-François Ruaud

L'épée de l'hiver, Marta RandallNous vous livrons régulièrement des « mots de l’éditeur » sur nos nouveautés, juste un petit texte à chaque fois afin de vous expliquer, de manière très personnelle, comme en confidence, l’origine d’un livre…

L’AN DERNIER, LES MOUTONS ÉLECTRIQUES ONT NÉGOCIÉ avec le CNL l’octroi d’une subvention en vue de l’acquisition d’un certain nombre de droits étrangers. La subvention fut attribuée mais les négociations pour le projet visé tournèrent vite court, et nous décidâmes par conséquent de nous tourner vers deux autres solutions de développement — l’une qui est encore en cours, et l’autre par l’achat, tout simplement, de quelques romans étrangers, ce que les Moutons électriques ne font pas d’ordinaire. La collection de poche Hélios ayant notamment besoin qu’on lui apporte un peu de patrimoines solides, j’ai donc négocié avec deux vétérans de la SF US, Alexei Panshin et James Gunn, pour quatre romans. Et puis pour le grand format, j’ai approché une agente censément redoutable — et elle accepta sans grande difficulté de nous céder les droits de trois romans d’une autrice que nous avions envie d’essayer d’imposer en France, Lisa Goldstein. On en reparlera !

Et puis encore, ayant pas mal relu de fantasy des années 80 depuis deux ans, dans l’idée déjà de trouver une plume US à imposer en France, je m’étais souvenu avoir adoré un chef-d’œuvre isolé, L’Épée de l’hiver de Marta Randall, autrefois paru dans une collection mourante, le CLA de chez Opta. Cette autrice n’a guère fait carrière, mais ce roman-ci m’était bien resté en tête et je le relus avec délectation. Il me sembla même plus d’actualité que jamais, entre son aspect quasi Game of Thrones dans les complots dynastiques, et dans les quelques discrètes touches steampunk de son décor. Le hasard faisant bien les choses, l’agente était la même que pour Lisa Goldstein, et la traductrice de l’époque était une copine. L’affaire fut donc faite. Enfin, cherchant sur le web des chroniques pour alimenter le texte de quatrième de couverture (exercice toujours délicat que la rédaction de ces présentations), je tombai… sur une critique par ma propre plume ! J’avais oublié avoir chroniqué ce roman dans les pages de la revue Fiction, où j’avais fait mes premiers pas (texte lisible sur le site nooSFere). Ainsi la boucle est-elle bouclée : j’avais aimé et chroniqué ce roman méconnu, et une trentaine d’années plus tard j’en deviens l’éditeur.