À partir de ce mois-ci, nous allons tâcher de vous livrer régulièrement des « mots de l’éditeur » sur nos nouveautés, juste un petit texte à chaque fois afin de vous expliquer, de manière très personnelle, comme en confidence, l’origine d’un livre…
Bien souvent, un livre met longtemps à mûrir. Mais je ne suis pas certain que les lecteurs réalisent à quel point cela peut être long : Techno faerie de Sara Doke est sans doute l’un de ceux qui, chez les Moutons électriques, auront tout de même pris le plus de temps. Car la toute première fois que j’ai lu un fragment que ce qui allait devenir Techno faerie, ce devait être en 2001 ou 2002. Alors que je séjournais chez Sara, à Bruxelles, je l’entretins d’un projet d’anthologie de fantasy que j’avais alors, sur les rapports de la nature et de la magie. Je n’étais pas plus tôt rentré chez moi que Sara m’envoyait une sienne nouvelle, qui correspondait bien à un tel contexte. Pourtant, je la lui refusai, car il me sembla que ce texte n’était pas abouti, il semblait s’agir d’un morceau de roman plutôt que d’une nouvelle indépendante. L’anthologie Magie verte n’eut donc pas Sara à son sommaire, mais au fil des années l’autrice continua à me parler, de temps en temps, de l’univers qu’elle portait en elle : notre monde, notre société, mais où les fées seraient revenues et auraient intégré l’univers technologique à leur manière. Et puis un jour, le tout nouveau chef de fab des Moutons électriques me montra une sorte de livre-coffret, superbe, et j’eus l’illumination : voilà ce qu’il fallait, comme forme, afin de concrétiser le projet de Sara ! C’était en 2011, dans ces eaux-là. Sara n’était pas encore fin prête, mais elle se replongea dans son travail, dans son univers. Entre-temps, la situation industrielle évoluait, certains coûts augmentaient terriblement, d’autres s’effondraient, le livre-coffret un temps envisagé n’était plus possible, mais en revanche j’avais toujours l’envie de publier ce fameux Techno faerie. Le projet fut donc encore remodelé, la couverture initialement commandée se retrouva en première page, des tas d’illustrations arrivèrent peu à peu, un petit texte prévu en 4e de couverture passa en ouverture… Et voilà, enfin, la parution en janvier 2016.