Mini interview : Alex Nikolavitch

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire » (et au-delà), nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

Un recueil de nouvelles de William H. Hodgson, L’Horreur tropicale, très proto-lovecraftien comme souvent ses textes maritimes.

– Un livre qui a changé votre vie

Watchmen, de Moore et Gibbons. Une démonstration de maîtrise dans l’écriture et la construction.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

Y en a plein. Mais souvent, j’aurais aimé les écrire autrement. du coup, je le fais !
 
– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Enquêtes, de J. L. Borges, des tas de petites notules très malignes et souvent très ironiques sur plein de sujets culturels.

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Dune, de Frank Herbert. Parce qu’au milieu de tous ces tarés paranoïaques, j’avais l’impression d’être normal. Ça m’a permis de m’assumer.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Question difficile, mais récemment, un passage du manga Space Brothers m’a énormément ému, avec une astronome vieillissante et malade dont un jeunes cosmonautes se bat pour réaliser le projet.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu, de Karim Berrouka. Très vachard et bien drôle.
 
– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Y en a des paquets. Mais je n’ai pas envie de faire de pubs à des trucs nuls.

– Un livre que vous offrez souvent

Sans nouvelles de Gurb, d’Eduardo Mendoza. Le journal de mission d’un extraterrestre un peu demeuré perdu dans Barcelone à la recherche de son chef porté disparu.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

Y a plus de livres que je n’ai jamais lus que de livres que j’ai lus. Mon regret récent, c’est le Jérusalem d’Alan Moore. J’ai voulu rentrer dedans, j’étais pas dans les bonnes dispositions d’esprit, ça n’a pas été possible. Je retenterai plus tard.

– Votre tout premier souvenir de lecture

Aliocha, cheval des steppes, un truc super triste avec un canasson. Ça m’a guéri à tout jamais des histoires d’amitiés entre une personne et un animal.

Mini interview : Mathieu Rivero

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire », nous avons eu l’idée de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

Hum, j’ai pas mal de bouquins en cours. Mais je vais détourner la question pour parler d’un roman que j’ai fini il y a peu : Un Étranger en Olondre, que j’ai beaucoup aimé. L’histoire de Jevick et de son fantôme regorge de moments incroyables, de petites pépites d’analyse sociale, de poésie, de mystère. Cette ode d’amour à la littérature, j’aurais sûrement aimé l’écrire, la traduire, l’éditer, je ne sais pas. Je lui trouve, assez étrangement, un potentiel pour être adaptée sur les planches, malgré sa nonchalance et la discrétion de son rythme.

– Un livre qui a changé votre vie

Sans surprise aucune, je vais mentionner Dune de Frank Herbert. D’une rare puissance, Herbert invente, développe, étend des concepts connus, détourne des coutumes. J’ai lu quelque part que tous les écrivains sont des voleurs : nous dérobons les instants, les pensées, les rêves et les gens, mas il nous appartient aussi de respecter ce que nous prenons — ou même parfois, de choisir de ne pas subtiliser. Herbert s’empare de son matériau avec férocité, le modèle, le met à l’épreuve avec courage. En bref, j’ai lu Herbert à dix ans à la bibliothèque municipale, j’ai adoré.
Je pourrais en citer beaucoup d’autres, car au fond, chaque livre qui m’a touché a fait basculer des petites choses en moi. Je suis la somme de tous ceux pour qui j’ai eu un affect (oui, même ceux que j’ai détesté !).

– Un livre que vous auriez aimé écrire

Je m’admets volontiers admiratif de beaucoup d’œuvres. Je suis fasciné par le savoir-faire des raconteurs, quel que soit leur médium, et je m’extasie souvent sur un dialogue réussi, sur un moment poétique, sur un façonnage particulier de l’intrigue ou un évocation subtile d’un thème. Je pense que les Études sur les ballades de Narayama (souvent appelé Narayama), de Shichirō Fukazawa, m’a pas mal renversé (à l’époque), et le souvenir qui m’en reste est assez impérissable. Je pense que, quelque part, il est responsable d’une part des thématiques de Tout au milieu du monde. Il raconte l’histoire d’une vieille qui se sent devenir fardeau pour son village de montagne, et son ascension de la montagne jusqu’au « vallon des vieux » où les personnes âgées se laissent mourir. Pas fun du tout. Mais qu’est-ce que c’est cathartique, bordel.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Comme dit plus haut, je suis myriade. Je pense que Mister Norrell et Jonathan Strange, et sa façon voluptueuse de s’étendre, de faire ressentir le flegme anglais de l’époque, sa façon subtile de casser le quatrième mur, a fait un petit quelque chose pour moi. J’aimerais lire plus de choses de Susanna Clarke. Les deux personnages (le maître théoricien et le cancre créatif), leur lutte pour restaurer la magie anglaise, m’ont certes distrait le temps des nombreuses pages de ce pavé, mais surtout, j’ai appris le sens de l’humour dans la narration. Plus subtil et moins déjanté que Pratchett, certes, mais mieux dosé à mon sens !

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Ado, je lisais comme un ogre. Je dévorais, au rythme minimum de cent pages par heure, sans compter. Je défonçais les rayonnages de la bibliothèque municipale. Et puis une de mes tantes (merci !) m’a filé Le Loup Bleu de Yasushi Inoué. L’histoire de Gengis Khan. Je l’ai lu pendant un séjour dans une gare en pleine canicule (les trains cessaient de fonctionner, tellement il faisait chaud !) et donc, j’ai mis six heures à siroter les maigres deux cent pages de ce roman. J’avais conscience d’avoir entre les mains quelque chose de précieux. Il fallait profiter de chaque mot, et de chaque mot entre les mots.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Je suis peu émotif, de l’extérieur (au ciné, en lisant, à un concert). Je reçois l’œuvre de plein fouet pour la réfléchir ensuite : je me gorge de tout. Et du coup, je suis triste (ou heureux) après coup. Le dernier livre qui m’a fait pleurer de l’intérieur m’a en fait fait pleurer de rage. Le bouquin avait ses qualités, l’écrivain avait son style et son bagou, mais je ne pouvais pas adhérer aux idées véhiculées par le narrateur et l’auteur, nauséabondes à souhait. Comme c’est un confrère du paysage imaginaire francophone encore vivant et encore en activité, je tairai le nom du roman. Lectrices et lecteurs, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.
(Après secrètement je suis madeleine ascendant fleur bleue. Mais chut, ça ne se voit pas.)

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Instant d’autopromo éhontée : celui que Julien Bétan, Melchior Ascaride et moi-même sommes en train de composer/finir, et qui devrait s’appeler Ce qui vient la nuit. Julien sait me provoquer et me faire ricaner bêtement. (Melchior aussi, mais il dessine des trucs sérieux.)
Autrement, Ariel Holzl avec Les Sœurs Carmine. J’attends un poil de disponibilité de cerveau pour engloutir le tome trois, Dolorine à l’école, mais il me tarde ! Que c’est fun, mes aïeux !

– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Le livre dont je n’ai pas apprécié l’idéologie ci-dessus. Sinon, Terre des Oublis de Dong Thu Huong. Une histoire de retour de soldat oublié, de petit village reculé. Jamais compris pourquoi ça faisait un tabac quand c’est sorti ; ça m’a ennuyé, question histoire, style, thèmes.

– Un livre que vous offrez souvent

Aucune idée ! Dès que j’aime un bouquin, je le prête, je le donne à qui je pense que ça peut plaire. Je ne suis pas très fétichiste de ma bibliothèque, sauf pour des ouvrages particuliers que j’ai envie de garder parce qu’ils ont une place particulière dans ma vie ou dans mon cœur. Du coup, presque toute ma bibliothèque peut tourner.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

Trop. Et j’ai le défaut d’être curieux. Je suis aventurier en ce qui concerne les genres, les auteurs et autrices, et c’est pour ça que je n’aime pas particulièrement les séries au long cours : j’ai tendance à préférer les livres qui vont d’un seul tenant, qui proposent une expérience qui leur est propre. Ça me frustre profondément de ne pas pouvoir tout faire à la fois, mais je me suis fait une raison : ma culture brillera par ses lacunes ou ne brillera pas!

– Votre tout premier souvenir de lecture

J’ai appris à lire en compagnie de mon grand-père, très tôt. Je faisais semblant de lire son journal, et à un moment, j’ai su. Le goût des histoires est venu peu après. C’est un super souvenir de complicité, très cher à mon cœur.

Mini interview : Brice Tarvel

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire », nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

La Porte d’ivoire de Serge Brussolo.

– Un livre qui a changé votre vie

Nombreux sont ceux qui ont façonné ma vie, par petites touches ou davantage.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

J’aurais surtout aimé être capable de créer un héros récurrent de taille XXL, tels Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Tarzan, Maigret ou James Bond.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Je préfère citer des auteurs : Jean Ray, Serge Brussolo, J.-G. Arnaud, Pierre Naudin, Georges Simenon, Pierre Pelot, Philip K. Dick et quelques autres.

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Il ne s’agit pas d’un livre, mais de tout ce qu’a écrit et chanté Georges Brassens.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

J’éprouve des émotions, bien sûr, mais je ne les manifeste pas quand je lis.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Même réponse que ci-dessus.

– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

À tort ou à raison, j’essaie de tous les terminer. C’est cependant quelquefois difficile.

– Un livre que vous offrez souvent

Il m’arrive d’en acheter en double pour ce faire.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

À ma grande honte, deux auteurs : Alexandre Dumas et Hugo. Mais je compte m’y mettre.

– Votre tout premier souvenir de lecture

Les séries BD de l’hebdomadaire L’Intrépide.

Mini interview : Nelly Chadour

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire », nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

J’ai l’habitude de lire mes bouquins par deux : un pour les transports et l’autre dans mon lit. En ce moment, le livre qui pourrait me faire rater mes arrêts de métro est Écume, de Patrick K. Dewdney (je remarque que ses initiales sont les mêmes que celles de Philip Kindred Dick, c’est cocasse). Monsieur était mon voisin de stand à la fête de l’Huma de cette année et je me suis procuré son bouquin après quelques échanges potaches. Il me l’a habilement vendu et j’avoue que pour l’instant, je suis harponnée (et pour cause, tout se passe en mer). Je salue l’écriture recherchée qui parvient à rendre la lecture immersive (je vous ai dit que ça se passait en mer ?).
Le bouquin du soir est le Casse-Pipe Intérieur de Jean-Bernard Pouy. Je n’avais pas encore eu l’occasion de lire du Pouy et je me consume de honte. Je l’ai pris parce que c’est ma copine Tanx qui a illustré la couverture. C’est une série de billets d’humeur parfaits pour sourire avant l’extinction des feux.

– Un livre qui a changé votre vie

Bilbo le Hobbit dont a découlé finalement une lecture passionnée de tous (ou presque) les ouvrages estampillés Tolkien, ma première réelle poussée dans la marmite aux geeks.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

Ce n’est pas un livre mais un film, j’aurais adoré écrire le scénario de Dark City. J’ai toujours aimé les héros solitaires confrontés à des forces qui semblent les dépasser au premier abord. Sinon, peut-être le méta bouquin d’Italo Calvino : Si par une Nuit d’Hiver un Voyageur qui s’amuse à ruiner le statut sacré de l’objet livre et devient un véritable exercice stylistique. Calvino parvient brillamment à pasticher les romans érotiques japonais, les polars, les énigmes à la Borges, etc…

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Un livre… Pourquoi UN livre ? Je crois que j’ai trouvé ma voix quand j’ai arrêté de vouloir écrire à la manière de Stephen King dans Ça et que je me suis penchée sur le style assez percutant et binaire de Victor Hugo avec L’Homme qui rit, les traductions baroques de Baudelaire pour les Histoires Extraordinaires de Poe, l’extrême simplicité du phrasé d’auteurs comme Carver et Hemingway. Je sais que ça part dans tous les sens et que ça cite pas vraiment d’auteurs Imaginaire (hormis King), mais je n’en était qu’au style. Concernant le domaine de l’imaginaire, je crois être beaucoup plus tributaire des films. J’avais scénarisé une BD entière après avoir vu Ghostbusters à 8 ans.

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Ce questionnaire réveille la grosse pédante qui ne dormait que d’un œil dans la raffinée créature adepte de bière et de pizza que je suis : toute la Recherche du Temps Perdu de Proust et son analyse sur les mensonges des souvenirs, les amours trompeuses et les chagrins qui en découlent, et l’évolution de nos relations avec autrui.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Je suis bien meilleure cinéphile que lectrice, j’ai plus souvent pleuré devant un film qu’à la lecture d’un livre. Sauf un, mais j’avais 7 ans et ce bouquin était un vrai crève-cœur : Violette et son Génie. Les illustrations, magnifiques, ont contribué au traquenard lacrymal.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Le Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie de Karim Berrouka. Des fois un poil long, mais il y a une scène du début qui a réussi à me tirer des larmes. Ah merde, j’aurais pu le citer dans la rubrique traquenard lacrymal, mais juste avant, je me gondolais comme une péniche, ça compte pas !

Un livre que vous n’avez pas pu terminer

J’ai essayé de lire le Livre des Morts tibétain, j’ai pas réussi à dépasser 20 pages, on repassera pour la qualité de mes prochaines incarnations.

– Un livre que vous offrez souvent

Dès qu’un.e ami.e a un bébé, je lui offre De la petite Taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

The Holy Bibeul !

– Votre tout premier souvenir de lecture

Un comics de mon père avec Dracula, mais je ne savais pas encore mon alphabet à l’époque. Ça compte quand même ?