« Véridienne », une couverture par Melchior Ascaride

Blog Chloé MelchiorNous vous livrons régulièrement des « mots de l’éditeur » sur nos nouveautés, juste un petit texte à chaque fois afin de vous expliquer, de manière très personnelle, comme en confidence, l’origine d’un livre…

Je dois aux Récits du Demi-Loup ma première blague aux Moutons électriques (si vous jetiez un œil à mon CV, vous verriez que dans la catégorie « Être sérieux en toutes circonstances » j’ai inscrit « Vagues notions »). Comme le dirait un célèbre présentateur télé qui a incarné le caped crusader au cinéma, « Vous l’avez chez vous ». Demi-Loup. Deux Milou. J’ai dit que c’était une blague. Je n’ai jamais spécifié qu’elle était bonne. Mais elle l’était un peu (Note de l’assistant : Qu’est ce qu’on rigole chez les Moutons !). Chloé n’a vu cette couverture que bien plus tard et a fait bien pire (mieux ?) depuis avec son détournement des Terres de l’Est. Je sais, je m’égare mais en même temps je n’ai pas encore dit où nous allions.

Donc, comment sont nées les couvertures du Demi-Loup ?

Chaque livre sur lequel je travaille est comme un enfant. L’enfant de quelqu’un autre. Je peux l’adorer, mais il est quand même pénible au début. Pénible pas par sa lecture. Chloé a une chouette plume et ses histoires sont beaucoup mieux imbriquées que mes Legos quand j’étais enfant. Pénible par la question que chaque ouvrage a soulevée : « Et maintenant ? » Si certains me facilitent la tâche en tirant leurs inspirations fantastiques dans diverses cultures de la réalité réelle, là… non. Non parce que de fantastique, point. Juste des humains dans un univers imaginaire. Donc il fallait puiser l’épiphanie créatrice ailleurs. Il y avait bien cette idée d’emblème circulaire du chat et du loup, mais je suis interdit de cercle en première de couverture. Je vous raconterai pourquoi dans un article spin-off. Et puis je l’ai casé en quatrième donc tout va bien.

Bon pas de merveilleux donc, mais qu’à cela ne tienne, j’en ai vu d’autres. Pas de précipitation. On a des batailles, des loups, des chats… Attendez deux secondes, machine arrière. J’ai oublié une péripétie. Et vous comprenez désormais pourquoi je ne suis pas écrivain ? Il faut savoir qu’à l’origine, le premier tome, intitulé Véridienne (ça aussi j’aurais pu le mentionner au début, mais je sais que vous le savez), le premier tome donc ne s’appelait PAS Véridienne. Quand j’ai reçu le manuscrit il s’intitulait Les Femmes du Demi-Loup. Donc quand j’ai commencé à travailler dessus, j’ai travaillé sur… des femmes. Les femmes dudit titre. De fines silhouettes dans un style médiévalisant. Puis, alors qu’ils étaient de passage à Paris, André-François et Mérédith me disent qu’ils vont rencontrer Chloé et que si je peux être là c’est bien comme ça on discute tous ensemble. Fort bien, c’est toujours utile. Et alors que la conversation va bon train est suggérée l’idée de changer le titre en Véridienne, ce que tout le monde approuve. Dans ma tête il y a eu le son que feraient quatorze mille Big Bang s’ils arrivaient tous en une demi-seconde couplés à un orage de malédictions prononcées avec la voix d’une chanteuse rousse disant d’elle-même qu’elle est libertine. Et j’ai hoché la tête pour approuver à mon tour, de mini déluges dans les yeux.

Bonjour Case Départ, tu vas bien ? Incruste-toi je t’en prie tu sais à quel point je te hais. Combien de sucres avec le thé ?

Je reprends. On a des batailles, des loups, des chats et surtout, un château. Maintenant que le titre avait changé, l’idée de faire du château de Véridienne le sujet de la couverture me plaisait bien. Surtout qu’il est important. Et humide. Voilà, je la tenais. Un château humide, la déliquescence des relations entre les personnages, un royaume qui part à vau-l’eau… Le château (qu’il fallait très stylisé) qui se disperse comme quand on verse de l’encre dans de l’eau. Et ce qui est bien, c’est que l’idée est parfaitement déclinable pour toute la série, car ces thématiques se retrouvent dans le second tome, dans le recueil de nouvelles… J’ai jeté mon ordinateur en l’air en hurlant « Eurêka ! » avant de me souvenir que je ne suis pas chercheur et qu’un ordinateur ne retombe pas comme une averse de feuilles de papier. J’ai soumis le concept au Grand Conseil.

Et il a plu.

Conte de la plaine et des bois

Nous l’avons dit en édito, la sortie cette semaine du nouveau roman de jean-Claude Marguerite, Conte de la plaine et des bois, constitue un événement. Et nous ne sommes pas les seuls à le penser : un blog, Cafards at home, écrit que :

Cet ouvrage est tout d’abord un merveilleux hommage aux souvenirs de l’enfance et à la nature. En suivant les pas du héros, on s’attache à lui irrémédiablement et l’on se nourrit de ses sensations et de ses réflexions. Un bruissement de vent, des animaux en goguettes, une fleur qui s’épanouit, une clarté diffuse sous les frondaisons, le doux ruissellement d’un ru, le silence de la nuit… autant de petits détails que l’auteur se plaît à nous décrire et à magnifier par une langue riche et poétique, où les images se mêlent pour mieux perdre le lecteur dans les méandres du domaine exploré et de l’imaginaire. On touche à la grâce dans ces descriptions à nulle autre pareilles, immersives au possible et qui touchent en plein cœur par leur côté novateur et émotionnel. Observations et souvenirs se mélangent et donne un résultat incroyable qui transporte littéralement le lecteur hors de lui-même. Puissant !

Et d’ajouter encore :

Ce Conte de la plaine et des bois ne vous laissera pas indemne, moi-même j’ai été sacrément secoué par la conclusion de cette petite pépite, cette fiction qui rejoint notre réalité partagée. La lecture est fluide, rapide, enivrante et procure attendrissement, émerveillement mais aussi une douce mélancolie qui envahit le cœur et l’âme. Une sacrée expérience que je vous convie à vivre au plus vite. Ce livre est une perle incontournable et un classique en puissance.

Quant au Bibliocosme, il en dit : De Jean-Claude Marguerite, on connaît surtout le « Vaisseau ardent », un pavé de plus de 1600 pages, imposant et exigeant, consacré aux mythes en lien avec la piraterie. Rien à voir avec son dernier roman en date, « Conte de la plaine et des bois », qui se compose d’à peine plus de cent pages et dans lequel l’auteur a troqué la mer pour la forêt. (…) Si l’intrigue n’a clairement rien à voir, je n’ai pas pu m’empêcher de penser pour ce qui est de l’ambiance et du décor à une autre parution récente des Moutons, « L’Autre herbier », un album dans lequel Nicolas et Amandine Labarre contaient le voyage fabuleux d’une jeune fille dans une forêt plus vraiment de notre monde. C’est un peu la même sensation qui nous assaille ici : on se retrouve dans un décor d’abord familier mais qui, peu à peu, semble relever d’avantage du fantastique, avec ses promeneurs improbables et ses chemins qui changent en fonction du sens dans lequel on les arpente.(…)

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Septembre 2016

C’est la rentrée ! Bronzée et reposée, notre équipe fonce bille en tête pour une nouvelle saison de beaux et bons livres, comme nous les aimons, contre vents et marées.

Et c’est avec un petit événement que nous débutons le mois de septembre, puisque voici venir Conte de la plaine et des bois, le très attendu deuxième roman de Jean-Claude Marguerite. L’auteur avait fait sensation en 2010 avec un best-seller de poids, l’énorme « Vaisseau ardent ». Il revient dans un format bien plus bref, pour un périple à la frontière du merveilleux. Le décor de ce roman relève du « nature writing », une errance superbe où les protagonistes dorment dans une maison hantée, suivent des biches, se partagent une dernière noisette… mais le propos appartient pour sa part au fantastique onirique. Un texte court, servi par une langue splendide, charnue, poétique, lyrique : aussi superbe que prenant.

Dans le même petit format, l’autre événement c’est un nouveau roman inédit de Dominique Douay, Brume de cendres. Son précédent, La Fenêtre de Diane, fut fort remarqué, et l’auteur revient dans le même univers pour une nouvelle dose de vertige et un splendide jeu sur la SF. La voix de Douay est plus forte que jamais, sa seconde carrière actuelle nous semble l’imposer littérairement comme auteur majeur de la science-fiction en France.

Chez Hélios, la collection de poche, une réédition et une redécouverte. La réédition, c’est celle de Porcelaine, le très beau et fort roman de fantasy asiatique d’Estelle Faye, qui obtint un prix Elbakin.net. Une course-poursuite virevoltante à travers les siècles : pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.

La redécouverte, c’est Consciences virtuelles, le dernier roman d’Ayerdhal qui demeurait indisponible. Prévue avec l’auteur avant sa disparition, cette nouvelle édition de ce thriller SF devenu introuvable a été un peu révisée. Comme toujours avec l’auteur, le propos est politique, engagé, exprimé dans cette langue claire et faussement simple qui lui a permis de passer au statut d’auteur très grand public, best-seller sur une partie de ses titres. Une puissance narrative tout entière présente dans ce court roman.

En parlant de best-seller, nous venons de rééditer (pour la huitième fois !) Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski, toujours en format souple mais cette fois avec dos et rabats vermillons, pour changer. Nous rajeunissons aussi les trois titres principaux de la Bibliothèque rouge, en les proposant sous de nouvelles jaquettes couleur par notre premier graphiste, Daylon : Sherlock Holmes, une vie, Arsène Lupin, une vie et Hercule Poirot, une vie, à prix baissé à 19 euros. Dernière chance de lire ces trois ouvrages de référence, bientôt épuisés. Et sur le front du livre numérique, nous allons publier ce mois-ci les quatre premiers volumes de la série Comédie inhumaine de Michel Pagel, que vous avions rééditée en tirage de luxe. Ces romans fantastiques magistraux n’avaient jamais été proposés en numérique. Les quatre suivants sortiront le mois prochain : nous mettons le turbo sur le numérique !