Lectures réconfort 4

Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Au tour de Olav Koulikov.

Des lectures réconfortantes ? D’emblée, me viennent en tête les Hercule Poirot d’Agatha Christie ; les inspecteur Van Der Valk de Nicolas Freeling ; et, par-dessus tout, les Maigret de l’incontournable Simenon. Simenon c’est l’écrivain de la météo : il ne cesse de décrire le temps, le ciel, et ce matin j’ai repris Maigret s’amuse, qui coïncide assez idéalement avec cette période de « relâche partielle », disons). « Le ciel était du même bleu uni, l’atmosphère molle et chaude », oui c’est exactement cela ce matin. Je relis en ce moment les Maigret deuxième époque, ceux des années cinquante et soixante (ou s’y déroulant, puisque Simenon situe nommément les derniers en 1965 bien qu’il les ait écrits au début des années septante). Car il y a clairement deux Maigret : le premier est né vers 1887, il prend sa retraite en 1934, sa femme se prénomme Henriette, ils habitent place des Vosges, le brigadier Lucas meurt vers la fin, le gros Torrence a quitté le PJ pour fonder l’Agence O… Et le deuxième est né en 1912, il prend sa retraite vers 1967 ou 68, sa femme se prénomme Louise, ils habitent bien entendu boulevard Richard-Lenoir, Lucas est inspecteur tout comme Janvier et Lapointe… Univers parallèles…

Lectures réconfort 3

Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Au tour de Laurent Queyssi.

Alors, moi, je picore entre deux bouquins: les Essais de Montaigne, parce qu’il a connu la peste, et a des choses apaisantes (à mes yeux) à dire en ces temps troublés. Et Big Sur, de Henry Miller, qui loin du Paris ou New York de ses autres livres, raconte sa vie paisible au bord du Pacifique, dans ce petit coin de paradis sur Terre où je n’aurais pas rechigné à être confiné.

Lectures réconfort 2

Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Au tour de Mathieu Rivero.

Mushishi, de Yuki Urushibara, est un manga vers lequel je reviens souvent. Non seulement pour son format de « fix-up de nouvelles » très agréable à lire, mais aussi pour son univers esthétique et graphique à la fois doux et plein de sentiments (pas forcément bons). Ginko, le personnage principal, y est mushishi, chasseur d’insectes, les mushis étant des animaux, petits ou grands, ayant un rapport avec l’invisible et l’animisme.
Sauf que chasseur, Ginko ne l’est que rarement. Son rôle, plastique, oscille entre celui de médecin, de confident, d’explorateur, de scientifique, d’ami ou de médiateur. Souvent dans Mushishi, c’est en se coupant de la nature que l’homme signe sa perte, et c’est en s’interrogeant sur sa place dans le monde qu’il parvient à – parfois – se racheter.

Lectures réconfort 1

Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, que l’on distillera au fil des jours…
Premier à s’y coller, François Peneaud ouvre le bal.

James Morrow est un drôle d’oiseau. Athée convaincu, il écrit des romans où la religion et ses travers tiennent souvent la place d’honneur ; écrivain souvent rangé dans les cases fantasy ou science-fiction, il a aussi composé plusieurs romans historiques, dont le foisonnant et jouissif Galápagos Regained (L’Arche de Darwin, Au Diable Vauvert, 2017, trad. Sara Doke).
Au milieu du XIXe siècle, Chloe Bathurst, une jeune actrice dans la dèche, trouve un emploi de gouvernante chez Charles Darwin. Quand une association lance un concours pour prouver l’existence – ou non – de Dieu, Chloe voit en les dix mille livres promises au vainqueur l’occasion inespérée de délivrer son père, enfermé dans un hospice pour pauvres. Elle dérobe à Darwin un manuscrit de la théorie de l’évolution (publiée seulement dix ans plus tard) et se lance dans un voyage au long cours à la recherche de la preuve ultime de l’absence de moteur divin à la Création.
Avec la verve polémique d’un philosophe du siècle des Lumières – dont Morrow se réclame – et un sens du romanesque que n’auraient pas renié Jules Verne ou Robert Louis Stevenson, Morrow offre à ses lecteurs un roman à la fois hommage et parodie de ses grands ancêtres du XIXe, avec en bonus un personnage féminin principal qui ne s’en laisse pas compter.
En ces temps où l’horizon de chacun d’entre nous se limite au paysage entourant nos habitations, L’Arche de Darwin est un livre qui, par l’intelligence, l’humour et l’imaginaire débridé de son auteur, est parfaitement à même de nous aider à nous évader vers des cieux plus ouverts.