Février 2023

Sur les chapeaux de roues ! Après le mois dernier l’événement Jaworski (le premier volet du Chevalier aux épines) et avec notre entrée chez La Diff-Hachette, nous sommes vraiment heureux de notre nouveau départ, nous avons tant de « belles lettres » à partager avec vous…

Une fantasy, par exemple, une grande fantasy ! Imago de Christine Luce annonce le retour, enfin, d’une autrice très remarquée il y a quelques années pour ses Papillons géomètres, cette fois avec un gros roman boosté aux vitamines. Comme une sorte de post Harry Potter dans un asile d’aliénés, une incroyable post-apo décalée et magique – et pour ne rien gâcher, non dépourvue d’humour et d’amour pour le genre humain, un cadeau idéal de la Saint-Valentin pour la personne aimée (vous-même éventuellement) !

Et de la SF, de la grande SF ! Principalement connus comme éditeurs de fantasy – avec le succès exceptionnel d’auteurs comme Jean-Philippe Jaworski et Stefan Platteau – les Moutons électriques, dont le nom provient de chez Philip K. Dick, n’ont jamais cessés d’être aussi des fans de science-fiction. Avec la « Bibliothèque des vertiges », nous souhaitons revenir plus fortement dans le domaine et créer une collection spécifiquement SF digne de rivaliser avec ses grands modèles. À commencer par une superbe dystopie indienne, inédite sous nos latitudes. La Persécution de Madhav Tripathi, par Aditya Sudarhan évoque, avec la simplicité absurde d’un Boris Vian bollywoodien et l’angoisse d’un Kafka indien, les multiples mondes qui composent l’Inde et la fracture qui sépare la bourgeoisie aisée et complaisante des classes populaires écrasées par les rails de la globalisation économique. Pourtant son récit demeure universel, car dans le personnage de Madhav Tripathi s’incarne tous les élus du néo-libéralisme.

Dans notre nouvelle collection également, Lisière du Pacifique, le grand polar utopiste californien de Kim Stanley Robinson, demeuré scandaleusement inédit, tout simplement censuré pour raison politique il y a quelques années. Il s’agit en effet d’un roman ouvertement inscrit dans l’écologie politique, une orientation qui avait déplu à ses éditeurs français de l’époque (1992). De nos jours, ce refus a de quoi surprendre tant la beauté et la pertinence de ce roman frappent l’imagination et l’esprit. Auteur scientifique et engagé, Robinson a depuis développé sa carrière sur les thématiques du thriller écologique.

Enfin, et comme nous en sommes à combler certains manques flagrants : Les Flammes de la nuit de Michel Pagel est une œuvre pionnière de la fantasy en France, indisponible depuis bien trop longtemps.  Féministe, bousculant les rôles et même les genres. Nous lui donnons une édition à tirage limité, luxueuse, toilée, cartonnée, décorée jusque sur ses tranches — une édition assez exceptionnelle, en fait, parce que ce chef-d’œuvre le mérite vraiment.

Yellow Submarine 142

Le plus ancien fanzine de France, Yellow Submarine, vient de faire sortir son nouveau et fort ventru numéro, le 142e, consacré à des archives inédites de l’écrivain Roland C. Wagner. L’éditeur raconte…

Roland s’est mis à écrire dés son plus jeune âge, en véritable machine à produire du texte et à cogiter des univers entiers. Cette capacité prodigieuse à écrire de la science-fiction alors qu’il était encore adolescent, elle se traduisit en un nombre non moins remarquable de manuscrits, achevés ou pas — le jeune Roland se trouvait alors véritablement en ébullition, il bâtissait tout son imaginaire.

L’ayant connu quand nous étions dans la petite vingtaine, en compagnie de Michel Pagel, j’avais vaguement le souvenir d’histoires sur la ville dystopique de Hellstadt et d’un personnage plus grand que nature anagramiquement nommé Ronald Rengaw, mais à l’époque (au  début des années 1980) ce n’était plus d’actualité pour Roland, qui travaillait et retravaillait sur son « Histoire du Futur Proche », le roman Le Paysage déchiré (dont existe plusieurs versions complètement différentes), ainsi que sur le concept du Faisceau chromatique, sans parler de ce qui devint la trilogie Poupée aux yeux morts… Boulimique, Roland enchaînait alors les nouvelles pour tous les fanzines, des tonnes d’articles aussi (il remplissait presque à lui seul, sous plein de pseudonymes, le fanzine angevin Vopaliec SF), écrivait également avec ses copains Michel Ruf (plusieurs projets inaboutis), Michel Pagel (une novella au sommaire de l’anthologie de chez J’ai Lu, Univers) ou Alain Paris (qui lui permit d’accéder enfin au statut d’auteur publié au Fleuve Noir, son grand rêve)…

Franchement, je ne pensais pas revoir les manuscrits de cette époque, et encore moins de ses années d’adolescence… Et pourtant, ces dernières années des archives éparpillées trouvèrent le chemin de Bordeaux : le grand collectionneur béarnais Francis Saint-Martin s’était vu confié par Roland une pile de manuscrits, qu’il me prêta à son tour ; sa veuve Sylvie Denis me laissa fouiller dans l’ordi de Roland et dans des piles de cartons ; et enfin, sa première compagne, Cathy, et leur fille Natacha, m’apprirent que des tas de manuscrits avaient été laissé par Roland chez sa mère à Clamart, dans l’appartement de son enfance ; manuscrits ensuite transférés chez la maman de Cathy dans le Tarn, à deux pas de chez Michel Pagel : elles nous apportèrent cette manne un été !

Des archives débordantes, littéralement : une caisse avait été renversée, toutes les pages mélangées ; d’autres avaient été un peu mouillées… Une folie, comment trier cela ? Eh bien, une victime fut désignée : Maxime Gendron, apprenti chez les Moutons électriques, se vit confier à la fois le tri des archives, leur numérisation, et tant qu’à faire, la direction de Yellow Submarine afin de poursuivre la série des « Dossiers » entamée par trois volumes où je réunissais les articles, interviews, parodies, chroniques etc. de Roland.

Maxime produisit un premier dossier, sur le cycle de Hellstadt, et voici le pavé-monstre, le cycle de Ronald Rewgaw, incroyable plongée au cœur de l’imaginaire en construction d’un jeune auteur qui devint la voix majeure de la SF que l’on sait.

Janvier 2023

Pour les Moutons électriques, cette année qui débute n’a rien d’ordinaire, marquant un nouveau départ pour notre maison : nous changeons de diffuseur-distributeur pour rejoindre La Diff / Hachette Livre ; pour célébrer cela, nous changeons de logo ; et nous démarrons en fanfare avec la nouveauté de notre auteur le plus connu, Jean-Philippe Jaworski. Joie, bonheur et combats à l’épée !

C’est l’événement : le retour de Jaworski à son univers du Vieux Royaume, pour trois volumes. Ce premier volet du Chevalier aux épinesLe Tournoi des preux, bâti un monument remarquable de fantasy chevaleresque, avec tout autant des tournois minutieusement restitués que de vrais moments de féerie et de magie, des morceaux de bravoure, un suspense remarquable et une ligne narrative incroyablement originale, qui rappelle pourquoi Jaworski est le roi de la fantasy francophone : sa couronne ne sera pas contestée.

Qui dit changement de distributeur, dit transition de stocks et nous avons pris les devants en donnant à Gagner la guerre, le grand chef-d’œuvre de Jaworski, et à son premier succès le recueil Janua Vera de nouvelles éditions. Deux œuvres majeures de la fantasy — nous vous envions si vous les découvrez maintenant ! Dans le même ordre d’idée, nous remettons en vente deux romans que nous aimons beaucoup : Malheur aux gagnants de Julien Heylbroeck et Je suis le sang de Lamarque & Portrait, deux polars with a twist.

La déferlante jaworskienne ne nous empêche pas de revenir aussi sur une autre grande vente : Le Chant des cavalières, premier roman de Jeanne Mariem Corrèze, sorti en pleine crise covid, s’est pourtant déjà écoulé à plus de 5500 exemplaires tellement ce roman arthurien ultra féministe est beau, fort, riche. Et tant qu’à faire, nous avons ajouté à cette nouvelle édition deux nouvelles, un poème et un appendice inédits.