Une vidéo où le Boss ovin, André-François Ruaud, également président de l’Association des Éditeurs de Nouvelle Aquitaine, parle édition en compagnie de deux consœurs, dans les ors abandonnés d’un opéra. Merci au salon Escale du Livre (Bordeaux).
Hélios
Parti vendredi dernier chez l’imprimeur : un beau petit catalogue des poches Hélios, qui sera distribué courant mai et juin. Avec une « opé » à demander à votre « repré », amis libraires ! Toujours pour cette « opé » Hélios de mai-juin, nous n’avons pas fait les choses à moitié, avec une box en carton pour que les libraires puissent présenter une trentaine de volumes… Et nous allons également produire un joli petit carnet original, offert pour l’achat de trois volumes de la collection…
Avril 2021
Rien n’est simple, tout se complique, comme aurait dit Sempé. Enfin, en dépit des lassitudes, reports, pertes et incertitudes ; malgré une boule de cristal toujours embuée ; l’équipe des Moutons électriques poursuit ses activités, comptez sur nous.
Une nouveauté en poche Hélios, ce mois-ci : L’Île de Peter d’Alex Nikolavitch, une belle fantasy urbaine qui opére la collision de la noirceur du polar new-yorkais avec le mythe trouble de Peter Pan. Qui est ce vieux marin qui traîne sa dégaine dans les rues de l’East Village à la recherche d’herbes médicinales très particulières et pourquoi Joab, le caïd du quartier, cherche-t-il sa piste dans des vapeurs narcotiques ? Ce sont ces questions auxquelles devra répondre Wednesday, policière à New York, alors qu’elle se retrouve exilée sur une île tropicale étrange et pourtant familière…
Et un autre poche, tout juste paru, opère pour sa part un hommage à la défunte collection « Angoisse » ainsi qu’aux ombres toxiques de Lovecraft. Tremblez ! Il était trois vieilles dames… de Christian Robin est un captivant roman de suspense sur l’influence maléfique d’un livre maudit et sur l’action des terribles fées du Destin…
La Ville peu de temps après, de Pat Murphy (trad. Patrick Marcel) se situe en revanche du côté résolument solaire de la SF. San Francisco, après l’apocalypse, dans la grande cité californienne, des artistes se sont forgés leur propre société, qui tend vers l’utopie… Mais de l’autre côté de la Baie, des militaires s’agitent, décidés à mater ces doux rêveurs. Il va falloir lutter avec ses rêves — et peut-être avec l’aide de la ville elle-même. Un grand roman, à ne surtout pas rater.
Nous venons de publier trois nouveaux volumes de notre « Bibliothèque dessinée », avec notamment une Eurydice déchaînée par Melchior Ascaride en solo, texte et dessins. Il prolonge en bleu le mythe d’Eurydice, en mettant en scène la lutte de cette dernière pour s’évader des Enfers. Et dans la même collection de courts romans graphiques : une autre utopie, La Fête du changement du regretté Michel Jeury, le grand monsieur de la SF française, enluminé et illuminé de rose par le graphiste bordelais Greg Vezon ; ainsi que le Service des dames, cette splendide nouvelle de Jean-Philippe Jaworski, graphiquement réinventée par Sébastien Hayez en fusain et en ocre. Dans l’univers du Vieux Royaume, une belle fable chevaleresque.
Super-héros !
Un mot de Victor Lopez, le directeur d’ouvrage de notre prochain Bibliothèque des Miroirs, Super-héros !, qui va faire l’objet d’un financement participatif sur Ulule (à partir du 6 avril)…
J’ai 9 ans et trompe l’ennui d’un mercredi après-midi passé bien malgré moi au centre de loisirs en lisant tout ce que je peux trouver dans les armoires d’une école primaire qui n’est pas la mienne, ce qui ne m’incite guère à une grande sociabilité. Je ne sais par quel miracle s’y trouve Strange 266, peut-être confisqué à un élève turbulent ou laissé là par un animateur distrait. J’ai dû le lire 3 ou 4 fois d’affilé en cette après-midi d’hiver 1992. En couverture, Namor guide Captain America et la Torche humaine. À l’intérieur, ils combattent des nazis qui ont trouvé le moyen de conserver leur jeunesse et leur force. Je sens déjà qu’il se joue là quelque chose d’important dans l’inscription historique de ces bandes dessinées, qui ont pourtant bien mauvaise réputation. Je ne trouve en tout cas ni cela dans les Tintin, où les références historiques sont gommés par une intemporalité faussement neutre, où les récits de S.-F. de Jodorowsky dont je suis fan (surtout Aleph-Thau). Et cela signifie aussi que les personnages qui existaient dans les années 40 vieillissent et poursuivent une histoire chronologique. Mais c’est surtout l’épisode des Vengeurs qui me passionne. Déjà, le groupe accueille temporairement Spider-Man, me faisant entendre que tous ces personnages vivent dans un univers commun où toutes les histoires se répondent pour former une histoire plus grande encore. Cette perspective de continuité et d’univers partagé ouvre un abime de possibilités. Et puis, il y a ce récit cosmique de Nebula, capable de faire disparaitre la réalité. Et quand elle le fait, il n’y a plus dessin, mais des cases blanches, totalement vides, qui s’immiscent dans le récit ! Ce sont surtout ces espaces de néant qui me m’hypnotisent alors. En 4e de couverture, une image d’un « Recit complet Marvel » semble idéalement poursuivre cette aventure. Son nom, Le Défi de Thanos. Non seulement, il me faut le lire, mais il faut que je puisse lire tous les Strange, et Nova, Titan, Spécial Strange et toutes les publications Semic (et Lug par extension) puisque tout l’univers est connecté et que c’est la même histoire qui est racontée depuis les années 40. Commence alors ma quête de l’infini : chaque semaine, je dépense mon argent de poche chez un bouquiniste de Montreuil qui vend des vieux numéros à 5 francs. Je lis tout sans hiérarchie, comme ça arrive : de très vieux numéros que je remets dans la continuité tant bien que mal, des « albums reliés » (qui comportent 3 numéros invendus à moitié prix un an après leur publication) ; des récits plus adultes de la collection Comics USA, où je découvre la saga « Justice Aveugle », et aussi DC – les couvertures d’Enfer Blanc avec Batman me fascinent alors, même si je n’ai jamais pu les trouver à l’époque -, que je découvre plus amplement quand Semic perd la licence Marvel et lance une nouvelle et éphémère formule de ses titres avec les séries DC en 1997 ; et je suis la cible parfaite pour le raz-de-marée Image Comics, qui m’oriente aussi heureusement vers les publications indépendantes.
Le programme éditorial 2021 des Moutons est tourné vers l’utopie (http://blog.moutons-electriques.fr/…/un-mot-de…/…) : sans poser d’œillères sur les contradictions d’un genre qui est aussi issu d’une nation complexe, ambigüe, prompte à imposer au monde une culture hégémonique (très heureusement mis en question à de multiples reprises dans les pages de nos comics, et ce très tôt, dès les années 70), les superhéros sont aussi l’incarnation de l’espoir, de la résistance ; ils exhortent au meilleur de ce que l’on attend de l’humain, en incarnant son idéal, souvent américain, parfois de manière réellement universelle . Les penser aujourd’hui, c’est penser le monde que l’on construit. C’est ce qu’entreprend Super-héros ! Sous le masque : une réflexion à plusieurs voix (critiques, auteurs, journalistes…) sur l’histoire d’un genre, son évolution et ce qu’il représente aujourd’hui, en recentrant sur la bande dessinée, mais en élargissant aux autres arts : du cinéma où ils sont omniprésents au jeu de rôles. Que disent en 2021 nos personnages sur les représentations des minorités, le rapport à l’Histoire, à la politique, à la mort, au temps, comment envisager l’évolution de l’industrie de la bande dessinée… Que nous disent les personnages de Marvel, DC, Image et les autres sur nous et sur notre monde ? Pourquoi sont-ils au centre de la culture d’aujourd’hui et cristallisent-ils d’aussi nombreuses polémiques ?