Mai 2020

Merci pour votre soutien durant le confinement : vous avez été nombreux à commander par correspondance. Bien qu’en zone rouge, notre chargé d’expéditions s’est lancé dans les préparations et les envois, et notre logisticien parisien aussi. Tout est maintenant en cours d’acheminement. Merci de votre compréhension et de votre patience.

En ces temps de grande incertitude, chaque décision est un pari qui engage l’avenir. Comme toutes les petites entreprises culturelles, nous subissons cette loi et tâchons de naviguer à vue. Pour le moment, les Moutons électriques paraissent rester solides financièrement parlant ; une situation qui peut toujours basculer, par exemple en cas de deuxième période de confinement, mais notre équipe s’efforce de contrôler ce qui peut l’être. Hauts les cœurs et toutes ces sortes de choses…

Nous avons bien entendu entièrement reconstruit notre programme de juin à décembre — en l’allégeant considérablement : deux annulations et beaucoup de reports de titres sur un ou deux ans. Nous sommes également en train de reconstruire notre programme 2021, avec une accélération de certains changements que nous voulions faire — on en discutera bientôt, promis. Eh oui, nous cogitons et nous rêvons : c’est plus que jamais nécessaire ! Votre soutien, chers lecteurs, est formidable. Ça fait chaud au cœur, ne le cachons pas. Et bien entendu il y a les libraires, qui ne vont plus trop tarder à rouvrir, dans des conditions encore passablement inconnues, nous pensons également beaucoup à eux.

Notre diffuseur-distributeur MD / MDS reprend ses activités. En priorité, vont être envoyés en librairie les livres déjà imprimés et qui étaient déjà préparés en cartons fin mars. Pour nous, cela signifie que vont donc enfin sortir, d’ici la fin mai : l’événement que nous avions prévu, à savoir le cycle de la Comédie inhumaine par Michel Pagel (huit romans et recueils + deux textes complémentaires jamais parus en librairie, le tout revu par l’auteur). Ce sont nos deux premiers « omnibus Voltaïque », et ils pèsent 960 et 912 pages respectivement, excusez du peu. Design graphique par Melchior Ascaride, bord des pages peint en noir. Aussi : Michel Pagel encore, cette fois en petit format : Orages en terre de France est réédité en poche Hélios. Une autre pépite de cet auteur majeur des littératures de l’imaginaire, une uchronie brutale et bouleversante dans une France ravagée par une Guerre de cent ans qui ne s’est jamais terminée. Et Le Chiffre de Cthulhu de Brian Stableford. Une deuxième enquête pour le grand détective Charles Auguste Dupin, emplie d’un imaginaire riche et tumultueux.

Pour une fantasy autre ?

Vous le savez, nous aimons la fantasy, et nous adorons réfléchir sur nos genres. Alors, folie du confinement, nous avons cogité un peu à la manière dont l’on pourrait peut-être commencer à esquisser une fantasy du « monde d’après »…
Une simple interrogation, rien de plus.

Notre monde humain doit évoluer, et il nous l’apprend avec une rude secousse. Et si nous l’assistions modestement en créant une fantasy pour les jours d’après l’ébranlement de nos sociétés ?
À une époque de militance écologique, sociale, raciale, féministe et LGBT, la fantasy traditionnelle, attachée aux contes de fées du XVIIIe siècle et aux romans médiévaux, s’éloigne un peu de nos rêves d’enchantement. Et si la fantasy dépassait cette tradition d’élus, de princesses et de chevaliers, et qu’elle se dépouillait parfois des politiques féodales, des gloires meurtrières et des intrigues à la cour ?
Quand nous aspirons à la reconnaissance des diversités et à l’abolition des privilèges, si la fantasy relevait le défi de la démocratie et créait de nouvelles légendes, plus proches de nos rêves d’aujourd’hui ?
Et si vous les écriviez ?
Notre monde devra découvrir de nouveaux paradigmes après la sortie du confinement, il nous semble que la littérature de fantasy doit aussi l’accompagner dans son évolution.

L’équipe des Moutons électriques

Voilà le programme

Mais alors, avec tous ces bouleversements, qu’est-ce qui paraît quand, au juste ? Allez, levons le voile : découvrez notre programme papier, allégé (neuf ouvrages reportés ou annulés) et reconstruit avec minutie pour le post-confinement…

Reprise de mai :
• Le Chiffre de Cthulhu – Brian Stableford, trad. Catherine Rabier
• La Comédie inhumaine omnibus 2 vol. (1876 pp.) – Michel Pagel
• Orages en terre de France – Michel Pagel (Hélios)

Début juillet :
• Clémente nous soit la pluie – Chloé Chevalier 4
• Source des tempêtes 2 – Nathalie Dau (Hélios)
• L’Ordre du Labyrinthe – Lisa Goldstein, trad. Patrick Marcel (Hélios)

Fin Août :
• Les Canaux du Mitan – Alex Nikolavitch (Rentrée de la fantasy)
• Sunk – Sabrina Calvo, Fabrice Colin & Arnaud Cremet (Bibliothèque dessinée)
• Sovok – Cédric Ferrand (Hélios)

Septembre :
• Opération Lorelei – Nicolas Texier 3 (et rééd 1 avec bonus)
• Mythes & super-héros – Alex Nikolavitch (Hélios semi poche couleur)
• Sous l’ombre des étoiles – Thomas Geha (Hélios)

Octobre :
• Matière de Leomance – Récits du Vieux Royaume –  Jean-Philippe Jaworski (omnibus luxe grand format 1288 pp., illus. Greg Vezon, Sébastien Hayez, Melchior Ascaride)
• Trois « artbooks féeriques » (Les Chats enchantés et Le Territoire des monstres dir. Christine Luce, Merveilleux scientifique dir. Jean-Luc Boutel)
• Espion de l’Étrange – Serge Lehman (Hélios Essentiels)

Novembre :
• Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique – Sara Doke
• Remise en vente Japon ! et Miyazaki nuances d’une œuvre

Décembre :
• Remise en vente Dico féerique intégrale

Lecture réconfort 18

Nous avons proposé à nos auteurs et collaborateurs de rédiger, s’ils le veulent, un court texte donnant un conseil de lecture genre « comfort books » pour le confinement, le tout distillé au fil des jours…
On termine par Jean-Philippe Jaworski.

En ces temps confinés, rien de plus agréable que de s’aérer dans une campagne que l’on croit familière, mais qui nous réserve encore bien des surprises. En compagnie de Jean-Rodolphe Turlin, je repars donc faire des Promenades au pays des Hobbits (Terre de Brume). Ce petit guide nous propose sept randonnées dans la Comté. Pour établir ses itinéraires, Jean-Rodolphe Turlin a épluché les œuvres de J.R.R. Tolkien, les cartes et les commentaires de Christopher Tolkien, mais il s’est aussi penché sur l’abondante littérature critique parue à propos de la terre du Milieu. Au gré de ses pérégrinations dans les quatre Quartiers et au Pays de Bouc, l’auteur éclaire les paysages par la toponymie, dont il nous livre une explication lumineuse fondée sur les étymologies en vieil et moyen anglais, parfois en gallois, expliquant au passage les choix faits par les traducteurs français. Les noms des rivières, des îles, des bois et des villages servent souvent à préciser les activités artisanales et agricoles des Hobbits locaux. On situe également les terroirs des grandes familles hobbites croisées aux fêtes d’anniversaire de Bilbo et Frodo. Ici ou là, on devine quelques vestiges laissés par le royaume d’Arthedain ou on découvre les activités produites par la bonne entente qui règne entre les habitants de la Comté et les Nains des Montagnes Bleues. L’ensemble forme une flânerie érudite sans être pédante ; elle nous dévoile tous les charmes d’un petit pays étonnamment proche des campagnes anglaises de l’époque édouardienne, tout en nous faisant goûter l’extraordinaire minutie créative de J.R.R. Tolkien.