Bientôt.
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« Elle s’est embrasée dès l’instant où j’ai posé mon regard dessus. Son nimbe a dévoré les autres astres pour emplir la moitié du ciel, sans un bruit. La lune s’est éteinte pour lui faire place nette, elle s’est réduite à une vague empreinte luminescente reléguée dans les ténèbres de sa part de nuit. Il s’est mis à faire soudain terriblement chaud dans mes montagnes, chaud et clair. J’avais les oreilles qui bourdonnaient, les iris saturés de lumière, et le monde tournait tout autour de moi. Je titubais, comme ivre, tandis que ma peau buvait malgré moi toute la radiance de l’Astre et m’en gorgeait à nausée. J’ai cherché appui un instant contre le mur du refuge. J’ai enfoui mon visage dans le creux de mon coude pour préserver mes yeux de cet incroyable feu céleste, je me suis accroupi contre la bâtisse, puis recroquevillé sur moi-même. Alors j’ai senti décroître peu à peu la pression dans mes tempes, tandis que la nuit, par-delà mes paupières, retrouvait graduellement sa noirceur. L’étoile – la planète – était en train de se coucher derrière l’horizon.»
« J’ai rouvert les yeux. Toujours assis sur mes talons, j’ai levé la tête pour regarder les autres astres retrouver peu à peu leur place dans l’éther, et leur mouvement de tourbillon se ralentir, se ralentir, tandis que le silence emplissait tout de sa pesanteur. Et puis soudain, alors même que je croyais le phénomène terminé, une flambée de lumière s’est abattue du ciel. Comme un javelot de braise, elle a frappé le monde juste derrière le refuge. Il n’y a eu ni souffle ni vacarme, point d’embrasement, pas le moindre son, en fait ; mais j’ai senti sur le coup trembler le fond de mes os. »
« J’ai retenu ma respiration et j’ai attendu, sans plus oser bouger, que la folie du ciel manifeste sa prochaine lubie. C’est alors que j’ai perçu ce halètement lourd à quelque pas de moi. »
Dévoreur de Stefan Platteau, quand l’écriture chevauche les astres.
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