« Sur les traces de Frankenstein » par André-François Ruaud

Nous vous livrons régulièrement des « mots de l’éditeur » sur nos nouveautés, juste un petit texte à chaque fois afin de vous expliquer, de manière très personnelle, comme en confidence, l’origine d’un livre… Cette fois-ci, André-François Ruaud vous parle de son essai passionnant sur la plus fameuse des créatures : Sur les traces de Frankenstein.

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C’était il y a déjà dix ans de cela. La collection phare des Moutons électriques était alors la « Bibliothèque rouge », un concept assez original que j’avais mis au point avec la complicité de Xavier Mauméjean : des biographies de grandes figures mythiques de la littérature populaire, en particulier du roman policier. Nous avions publié des bio de Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Hercule Poirot, Fantômas, Maigret et James Bond… et nous avions envie d’élargir un petit peu la collection. Vers l’aventure, par exemple. Un projet sur Conan commençait à prendre forme, un autre sur Tarzan échoua à de multiples reprises, et je bossais alors avec une assistante, Isabelle Ballester, et un stagiaire, Nicolas Lozzi.

En discutant avec eux, une envie nous vint de traiter de deux autres grandes figures mythiques, cette fois du fantastique : Dracula et Frankenstein. Immédiatement, Isabelle me demanda à lui laisser le grand vampire, auquel elle s’intéressait alors. Et tout naturellement, j’eus envie de me pencher sur le monstre de Frankenstein…

Enfin, « tout naturellement », c’est vite dit : très porté à la fois sur la fin du dix-neuvième et sur l’entre-deux-guerres, je n’avais pas particulièrement de compétences dix-huitiémistes — mais je pris cela comme un défi. Je me sentis très excité, en fait, par cet imaginaire qui s’ouvrait soudain devant moi : le romantisme, la première révolution industrielle, le gothique… Je me plongeai avec délice dans toute cette culture, lus des biographies de Percy Shelley et de Lord Byron par Maurois, me plongeai dans les vies tumultueuses de Mary Shelly, de Polidori ou de Claire Clairmont, étendis mon intérêt aux Lunar Men d’Erasmus Darwin, relus à la loupe le Frankenstein de 1831, découvris celui de 1818, dévorai quantité d’essais, allai même dénicher l’autobiographie du prétendu pirate John Trelawnay… Bref, ce fut pour moi l’occasion d’une plongée aussi rafraichissante qu’enrichissante dans plusieurs époques, avec le défi intellectuel de relier tout cela, de tisser les créateurs et la créature ensemble, si j’ose dire.

Quelques années plus tard, je me rendis chez un illustrateur afin de récupérer chez lui des travaux autour des mythes lovecraftiens – nous préparions Les Nombreuses vies de Cthulhu (dont la réédition vient de sortir, sous le titre Cthulhu !). J’étais pas mal en avance, il faisait beau, je m’assis sur un banc dans un square et, ayant apporté pour l’offrir mon Frankenstein, je me mis à me relire. Je n’ai pas l’habitude de m’admirer dans le miroir de ma propre prose, promis, une fois un livre paru je ne le relis à nouveau que s’il faut effectuer une réédition… Mais cette fois, je me relu, avec l’œil neuf, le recul que procure le relatif oubli de ce que l’on a bien pu rédiger auparavant… Et dois-je l’avouer ? Il me sembla ‘achtement bien, ce petit livre ; certainement une des meilleures choses que j’avais jamais écrite, en fait.

Alors voilà, l’an dernier comme nous cherchions s’il n’y aurait pas quelques anciens textes des Moutons électriques auxquels nous pourrions donner une nouvelle vie… je me souvins de mon Frankenstein, qui correspondrait sans doute bien à notre nouveau petit format. On allait fêter les 200 ans de la création du roman, parfait. Et puis tenez, le hasard faisant bien les choses, Mauméjean avait bossé sur Frankenstein pour une dramatique de France Culture : il me fit un excellent directeur littéraire pour cette réédition. Sous sa docte férule, je repris, retouchai, repeignai, augmentai un petit peuSur les traces de Frankenstein naquit ainsi.

A.-F. Ruaud

« Japon ! » la semaine prochaine sur ulule

Bonjour amis lecteurs,

Mercredi prochain, nous lançons notre campagne de financement participatif sur Ulule pour « Japon ! ».

Notre objectif : faire de ce livre LA référence pour tous les fans et passionnés de la culture et de l’imaginaire japonais.

On compte sur vous, amis lecteurs !

En attendant, voici la présentation du livre par l’auteure elle-même :

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Le Japon fait de plus en plus partie de notre imaginaire : les mangas et les anime parsèment nos rêves de yōkai, de ninjas et de magical girls. Godzilla, les samouraïs et les yakuzas deviennent les nouveaux personnages fétiches des réalisateurs occidentaux. Le mot kawaii fait son chemin dans notre vocabulaire quotidien tandis que bentô, ramen et onigiri envahissent notre lexique gastronomique…

L’Archipel nous apparaît pourtant toujours mystérieux, singulier et étonnant. Pourquoi, malgré notre familiarité grandissante avec ses créations, ne parvenons-nous pas à saisir tous les codes de sa culture ? Pourquoi restons-nous surpris par ce pays qui nous offre une culture traditionnelle où geishas, haïkus et bushidō s’entrelacent à loisir, et une pop-culture rythmée par les silhouettes d’Hello Kitty, Pikachu et Astroboy ? La culture japonaise repose-t-elle réellement sur des contrastes si intenses ? Ces deux facettes, en apparence irréconciliables, ne seraient-elles pas au contraire intimement liées ?

Avec « Japon ! Panorama de l’imaginaire japonais », je vous invite à explorer les différents visages de la culture nippone : au fil d’un voyage thématique, vous découvrirez comment se sont forgées les différentes formes de récit japonais, depuis l’ancestral Kojiki jusqu’aux grandes innovations du jeu vidéo. Vous apprivoiserez les différents personnages qui peuplent ces histoires extraordinaires : les kaiju, les school girls et les différents avatars du Guerrier vous révéleront les valeurs qui les animent et les esthétiques qui les portent. Et si les facéties des yōkai et la menace sombre des futurs apocalyptiques ne vous ont pas fait fuir, peut-être même distinguerez-vous, à travers les échos de la musique nippone ou dans le jaillissement de ses saveurs élégantes, le rapport étonnant que le Japon entretient avec le temps et l’espace…

Pour que le dépaysement soit total, j’ai recueilli pour vous des clichés de lieux mythiques de l’imaginaire japonais : la forêt de Yakushima, inspiration de Miyazaki pour Princesse Mononoké ; le Gundam RX-78-2 d’Odaiba ; les statues des yōkai de Sakaiminato ; les kitsune de Fushimi Inari-Taisha de Kyoto ; les néons d’Akihabara… Entre photographies et illustrations originales, ce panorama vous fera passer un moment aussi divertissant qu’enrichissant.

Pour que cette visite culturelle ne soit que plus belle, j’ai besoin de votre aide : aujourd’hui, grâce à votre soutien, « Japon ! » peut devenir, plus qu’un simple voyage, une aventure d’exception.

Rejoignez le financement participatif pour contribuer au décollage du livre et recevez des contreparties exclusives qui prolongeront votre plaisir de lecture !

Yoroshiku onegai itashimasu!

Julie Proust Tanguy

Mai 2017

Notre mois de mai s’inscrit sous le signe de l’étrange et du fantastique, avec un anniversaire important, le début d’une série et un hommage fascinant.

L’anniversaire, c’est celui de Frankenstein : il y a 200 ans que ce mythe fut créé. Nous avons donc décidé de retravailler le texte principal d’un de nos anciens « Bibliothèque rouge » pour partir Sur les traces de Frankenstein. En mêlant fiction littéraire et histoire, partir ainsi c’est explorer l’imaginaire flamboyant d’un tournant du XVIIIe siècle marqué à la fois par l’esprit gothique, le romantisme et les débuts de la révolution industrielle, sur fond d’anatomie fantastique, de conspirations Illuminati et de troubles bonapartistes.

Le début de série, c’est la première enquête d’un duo explosif de détectives de l’étrange, Sachem Blight et Oxiline. Après la « crapule fantasy » de Wastburg et le rétro-futurisme de Sovok, Cédric Ferrand verse dans le pulp lovecraftien un brin rigolard avec Et si le diable le permet, une aventure mystérieuse donnant naissance à deux nouveaux héros intrépides voués à vivre bien des péripéties. Complots, monstres et enquêtes, Canada années 1930, ambiance pulp et fantastique… et plus si affinité !

Et l’hommage fascinant, c’est celui que mène Alex Nikolavitch dans L’île de Peter. Après Eschatôn, space opera lovecraftien au souffle puissant, il entre sur le territoire de la fantasy urbaine avec son deuxième roman, qui fait entrer en collision la noirceur du polar new-yorkais et le mythe de Peter Pan. Qui est ce vieux marin qui traîne sa dégaine dans les rues de l’East Village à la recherche d’herbes médicinales très particulières et pourquoi Joab, le caïd du quartier, cherche-t-il sa piste dans des vapeurs narcotiques ? Les frontières du mythe et de la réalité se brouillent.

Étrange assurément aussi, et gourmandise livresque, que Tout au milieu du monde. Ce petit objet-livre séduisant a été conçu en collaboration par Julien Bétan et Mathieu Rivero avec notre graphiste, Melchior Ascaride. Le trio d’auteurs a conçu ce livre pour raconter une histoire atypique, au parti-pris graphique fort : entièrement en bichromie noir / rouge, c’est véritablement un roman graphique. Non content d’illustrer le propos, l’image souhaite aussi donner vie à cet univers, à la manière d’un narrateur « parallèle », ou comme la musique d’une chanson participe à poésie des mots. Intégrées au texte, les images renforcent la narration.