Mini interview : Chloé Chevalier

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire », nous avons eu l’idée de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

La Légende des montagnes qui naviguent de Paolo Rumiz, journaliste et écrivain italien. Un récit de ses voyages à travers les Alpes et les Apennins, dessinant en creux un portrait de l’Italie et de l’Europe, dans un monde qui change, climatiquement et économiquement.

– Un livre qui a changé votre vie

Pas vraiment un livre mais des pièces de théâtre, antiques, celles de Sophocle et Euripide. Sous leur influence et leur égide, j’ai commencé à écrire. D’abord pour tourner des petits films amateurs, au lycée, ce qui m’a ensuite menée au cinéma professionnellement parlant, et donc à mon actuel métier de scénariste, mais qui de fil en aiguille m’a aussi menée à l’écriture romanesque et au Demi-Loup.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Admirable sous tous points de vue.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Toute la série « L’Assassin royal » de Robin Hobb, ainsi que toutes ses séries se passant dans le même univers, d’ailleurs, que ce soit pour le traitement des personnages, la narration, les différents « mondes » entre lesquels elle jongle…

– Un livre qui a changé votre manière de penser

La plupart y contribuent, je pense, aussi ne puis-je citer que le dernier en date, Éloge du carburateur, un essai de Matthew Crawford sur le sens et la valeur du travail manuel.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

J’ai dû pleurer un certain nombre de fois sur les mésaventures de ce pauvre Fitzchevalerie, cité plus haut…

– Le dernier livre qui vous a fait rire

L’Arabe du Futur de Riad Sattouf (et plusieurs autres de ses BD, d’ailleurs)

– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Le dernier en date : un essai, Le Bouc émissaire de René Girard, même si je m’y remettrai doute un jour. Avant je me forçais à terminer systématiquement tous les livres que j’entamais, mais j’ai fini par renoncer à cette pratique. Trop à lire et trop peu de temps pour se faire du mal avec des livres ennuyeux, ou qui ne procurent aucun plaisir intellectuel, n’apportent rien à ce moment. Je pense que chaque livre a son moment de lecture approprié. Un ouvrage qui me tombe des mains un jours me semble parfois extraordinaire quelques années plus tard.

– Un livre que vous offrez souvent

Les Animaux dénaturés de Vercors, pour sa réflexion sur le propre de l’Homme. Je pense l’avoir déjà offert à une bonne huitaine de personnes…

– Un livre que vous n’avez jamais lu

Beaucoup trop !

– Votre tout premier souvenir de lecture

Si on parle des livres qu’on m’a lus (par ma mère en l’occurence) quand j’étais toute petite, je dirais les romans de Roald Dahl. Mais mes premiers souvenirs de lecture « comme une grande », ce sont des livres de la Bibliothèques Verte, toute la série « L’étalon noir » de Walter Farley, découverts dans la bibliothèque de l’école quand j’étais en CE1 ou CE2.

Mini interview : Timothée Rey

Nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.

– Un livre que vous lisez en ce moment

Le Dit de la terre plate, Tanith Lee.

– Un livre qui a changé votre vie

Dans l’Abîme du temps, Howard Phillips Lovecraft.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Gaspard de la nuit,Aloysius Bertrand.

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Les neuf Princes d’Ambre, Roger Zelazny.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Le Livre de ma mère, Albert Cohen.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Le Dictionnaire du diable, Ambrose Bierce (mais d’un rire méchant ; pour un rire plus doux: Les Contes rouges du chat perché, Marcel Aymé).

– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Le Monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer.

– Un livre que vous offrez souvent

Sans parler du chien, Connie Willis.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

La Princesse et le président, Valéry Giscard d’Estaing.

– Votre tout premier souvenir de lecture

À six ans, L’Enfant et la rivière, H. Bosco. Quand je l’ai terminé, ma mère m’a fait subir une véritable petite interrogation orale pour voir si j’avais bien tout compris. C’était à peu près le cas. Jamais relu (je ne veux pas). Peu de souvenirs de l’intrigue, sauf qu’il y avait une histoire de tziganes… Mais une atmosphère dont je me souviens encore parfaitement, aujourd’hui.

Mini interview : Julie Proust Tanguy

Nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines.
– Un livre que vous lisez en ce moment

Night Witches, de Bruce Myles, un essai se lisant comme un roman, autour des femmes soviétiques s’étant engagées dans l’armée de l’air pendant la Seconde guerre mondiale. Fascinant. Des poèmes d’Angèle Vannier, une poétesse surréaliste qui écrivait pour compenser la perte précoce de sa vue – elle est devenue aveugle subitement à 22 ans. En fiction, j’ai lu il y a quelques jours le dernier Murakami, Le Meurtre du commandeur, ou la lente dérive d’un homme après son divorce, sa plongée vers son art véritable, ses rencontres avec des voisins étranges donnant lieu à des conversations d’une politesse exquise prenant parfois un détour mystique, son lent basculement vers le fantastique, vers ce que l’on croit être une histoire de fantômes et qui est, comme souvent chez Murakami, une manière d’évoquer les pouvoirs étranges de l’inconscient, de la neurologie, de l’Art.

– Un livre qui a changé votre vie
Il y en a tellement… Lequel choisir ? Quiet de Susan Cain (livre que je conseille à tous les introvertis) ? La Maison des feuilles de Danielewski (livre fou, terrible, labyrinthique, qui a changé ma manière de lire) ? Alice au pays des merveilles ? Le premier Pratchett que j’ai lu ?

Un livre que vous auriez aimé écrire

En fiction, The Ocean at the End of the Lane de Neil Gaiman – le parfait mélange d’enfance et de mélancolie. En essai, L’Ours histoire d’un roi déchu de Michel Pastoureau – l’arctophile en moi voue un culte à ce livre.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Michel Pastoureau est une des références que j’ai en tête quand j’écris des essais : j’admire sa manière de conter le savoir et de transfermer l’art de la non-fiction en immersion calme, ludique, poétique.
– Un livre qui a changé votre manière de penser

Alice au pays des merveilles. Le monde merveilleux de l’absurde s’est ouvert à moi…
– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Le Syndrôme du varan
de Justine Niogret.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

Les Fantômes du nouveau siècle – La Soupe aux arlequins de Jean-Philippe Depotte : la gouaille de l’héroïne est irrésistible (chez les Moutons électriques / Saisons de l’étrange).
– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Je finis toujours (même en grinçant des dents) ce que je lis – c’est instructif de lire en se demandant ce qui ne fonctionne pas pour soi-même et ce qui pourrait fonctionner sur d’autres.

– Un livre que vous offrez souvent

Jusqu’il y a peu, j’enseignais en collège et, à chaque fin d’année, pendant dix ans, j’ai organisé une cérémonie des récompenses pour les élèves ayant obtenu trois fois les félicitations et pour ceux dont on souhaitait saluer les efforts constants. Je ne sais pas combien de Neil Gaiman j’ai pu offrir, mais plusieurs centaines, sans doute ! Pas loin derrière, on trouve Serpentine de Mélanie Fazi, Transparences d’Ayerdhal (à égalité avec Demain une oasis), L’Épouse de bois de Terri Windling, Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, Les Montagnes hallucinées d’HP Lovecraft, Ving-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig, Orgueil et Préjugés de Jane Austen et, pour les plus jeunes, Ma soeur est une sorcière de Diana Wynne Jones et Les Dieux s’amusent de Denis Lindon.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

Je me suis promis de lire un jour Le Rameau d’or de James Frazer en entier, et pas seulement par extraits, comme j’ai pu le faire pour des recherches. Autre promesse : découvrir les œuvres de Claude Cahun, une femme que je ne connais pas fragments mais qui m’a tout l’air d’être extraordinaire. En SFFF, je tourne autour de La Bibliothèque de Mount Char, livre qui m’intrigue beaucoup !

– Votre tout premier souvenir de lecture

Je me souviens du moment où j’ai compris que je savais lire – mais plus du titre que je lisais alors, un petit album cartonné pour enfant à la couverture bleue. Je me souviens de l’impression de victoire et de l’excitation qui m’a submergée, vite suivies de l’envie de lire tous les livres de la bibliothèque de mes parents, qui étaient jusque là des objects sources de désir et de mystère. Et c’est exactement ce que j’ai fait – étendant mon « domaine » à la bibliothèque, aux librairies, etc. La voracité ne s’est jamais éteinte.

Mini interview : Nicolas Labarre

Dans le cadre du « Mois de l’imaginaire », nous avons eu l’idée  de poser une série de brèves questions à nos auteurs — et d’en distiller les réponses au fil des jours et des semaines. Nicolas Labarre sera en signature à la librairie du Contre-temps (Bordeaux, barrière de Bègles) vendredi 9 au soir.

– Un livre que vous lisez en ce moment

Men, Women and Chainsaw, de Carol Clover. C’est un des grands livres sur le cinéma d’horreur, et particulièrement sur les slashers. Je l’avais depuis un moment – avec sa hideuse couverture reprenant le visage de Leatherface dans des tons rouge et rose – mais je viens de me résoudre à l’ouvrir, et il est à la hauteur de sa réputation, avec une lecture militante mais nuancée du genre et de ses plaisirs.

– Un livre qui a changé votre vie

Je ne crois pas pouvoir ne citer qu’un seul livre. J’ai été transformé par Le Joyau noir, de Michael Moorcock, le premier livre du cycle d’Hawkmoon. Ce sont des romans écrits très vites et lus de la même manière. Je l’ai découvert au bon moment, je devais avoir douze ans, et j’en ai conçu une affection indéfectible pour Moorcock. Ensuite, tout Ballard, et particulièrement La Bonté des femmes, puis plusieurs Nabokov, dont Lolita et Ada, ou l’Ardeur.

– Un livre que vous auriez aimé écrire

The City and the City, de China Mieville. En réalité, il y a beaucoup de livres que j’aurais aimé écrire, pour de nombreuses raisons (l’idée de devenir honteusement riche en publiant un best-seller n’est pas déplaisante, par exemple), mais la perfection de l’idée des cités jumelles qui fonde ce livre-ci m’a rendu profondément envieux et admiratif, tout au fil de la lecture.

– Un livre qui a influencé votre propre écriture

Coraline, de Neil Gaiman. J’apprécie beaucoup les bandes dessinées de Gaiman, mais assez peu ses romans pour adultes ; il me semble qu’il trouve dans ses livres pour enfants et adolescents un équilibre délicat entre sophistication un peu distanciée et sens du merveilleux. Ses héros ont lu de la fiction, ils ne sont jamais candides, mais leur réticence initiale ne freine en rien le souffle du récit. Je pensais beaucoup à Coraline en particulier en écrivant L’Autre herbier.

– Un livre qui a changé votre manière de penser

Film/Genre, de Rick Altman. Un ouvrage universitaire qui fait le point sur la question des genres fictionnels et montrent comment ceux-ci se construisent au fil des discours croisés de tous les « utilisateurs » des textes (producteurs, auteurs, critiques et spectateurs). La grande force du livre est d’ancrer sa réflexion dans des exemples précis tirés de l’histoire du cinéma. Tous les arguments d’autorité visant à définir les limites des genres ou à en identifier les « bons » exemples font sourire après cette lecture.

– Le dernier livre qui vous a fait pleurer

Une biographie, sans doute. Je ne lis des biographies que lorsque la personne m’intéresse, et inévitablement, le héros meurt à la fin, après avoir vu ses capacités décliner inéluctablement.

– Le dernier livre qui vous a fait rire

La série des aventure d’Angela Tarabotti, Le Protectorat de l’ombrelle, de Gail Carriger. Je ne ris pas souvent devant des livres, mais j’ai beaucoup souri des querelles ménagères de l’héroïne sans âme et de son mari loup-garou. J’ai trouvé les romans inégaux, un peu répétitifs mais vraiment drôles lorsqu’ils s’attachaient à leurs personnages principaux, comme une version piquante et steampunk des comédies domestiques de la bande dessinée américaine des années 20 et 30.

– Un livre que vous n’avez pas pu terminer

Tous les livres avec des cordages et des voiles. La littérature de marine à voile du 19e siècle me donne des boutons, et chaque nouvelle tentative pour m’y replonger me le confirme.

– Un livre que vous offrez souvent

Les Chronolithes, de Robert Charles Wilson, constitue un cadeau de choix pour des lecteurs curieux mais pas particulièrement amateurs de science-fiction. Ce n’est sans doute pas le meilleur livre de l’auteur – disons qu’il s’agit de Spin, mais on pourrait discuter – mais c’est de loin celui dont le résumé est le plus alléchant, avec ses statues monumentales dévastant le monde pour annoncer un futur terrifiant.

– Un livre que vous n’avez jamais lu

Moby Dick, de Melville, car il y a beaucoup, beaucoup de cordages et de voiles dans Moby Dick.

– Votre tout premier souvenir de lecture

Fleur de Lupin, de Binette Schroeder, un livre aux illustrations magnifiques, avec ses volumes de papier et ses couleurs translucides, dont le texte m’enchante toujours et qui se conclut par ces mots : « Et les lupins se balancent doucement dans le vent de la nuit ».